Je suis né à Barcelone. Pendant mes études en cinéma et en photographie, j’effectue des stages aux agences Magnum Photos, Vu, Rapho et AFP et au journal la Gazette de Montpellier. Je travaille ensuite comme photojournaliste freelance. En collaboration avec des organisations de développement, je documente la traite des êtres humains, le travail sexuel, la migration illégale et le VIH/SIDA en Asie du Sud-Est. Mon projet prend une tournure politique : le témoignage sur l’autre démuni et souffrant doit faciliter le changement des mentalités, et in fine éradiquer l’injustice sociale. Mes photos sont distribuées par l’agence Light Rocket, publiées dans les médias internationaux, et exposées en Europe, en Asie et aux États-Unis. En dépit de l’accueil favorable que reçoit mon projet, il commence à vaciller. Après cinq ans d’immersion dans des quartiers rouges, les frontières poreuses et les bidonvilles asiatiques, je me sens piégé dans un récit victimaire qui amalgame la traite et le travail sexuel et réduit les personnes photographiées à la souffrance de leur condition sociale et politique. Pire, mes photos peinent à changer le monde comme je l’espérai. Cette réflexion ébranle mon projet photographique et me ramène à l’université.
Pour approfondir ma compréhension de la traite des femmes, je réalise un master en études du développement à l’Université Paris I-Sorbonne et un doctorat en anthropologie sociale sur la traite des femmes vietnamiennes en Asie du Sud-Est à l’École des hautes études en sciences sociales. Mes travaux ont été notamment publiés dans les revues American Anthropologist, Journal of Ethnic and Migration Studies, Geoforum, Sociological Review, Culture, Health & Sexuality, Asian Journal of Law & Society, Journal of Vietnamese Studies, Réseaux.
Actuellement, je travaille comme chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), avec un rattachement au Centre d’études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques (UMR 245 IRD, Université Paris-Cité, INALCO). Mes objets de recherche recouvrent la financiarisation, le crédit, la dette, la traite, le travail sexuel, le genre et la sexualité au Viet Nam. En parallèle, je développe une anthropologie visuelle qui réfléchit à l’usage de la photographie comme outil de recherche, support de restitution de la recherche, et objet de recherche. Mon but est d’entremêler la photographie et l’anthropologie, d’être à la fois photographe et anthropologue, mais aussi d’explorer d’autres formes d’écritures alternatives de la recherche comme la BD et l’audiovisuel.
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